Comprendre l’inventaire écologique
Saviez-vous que chaque espèce joue un rôle clé dans l’équilibre de nos écosystèmes ? Dans le Parc National de Conkouati-Douli, une équipe de professionnels et de passionnés s'est lancée dans une mission d’envergure : un inventaire écologique. L’objectif ? Observer, analyser et comprendre la biodiversité pour mieux la préserver. Mais comment réalise-t-on un tel recensement ? Quelles sont les espèces suivies de près ? Et quels défis les chercheurs doivent-ils relever sur le terrain ? Nous avons posé toutes ces questions au responsable du département de conservation du Parc National de Conkouati-Douli, Yorick van Hoef. Plongez au cœur de cette aventure scientifique, où technologie, savoir-faire et engagement se combinent pour protéger la faune sauvage !
English version below
Qu’est-ce qu’un inventaire écologique et pourquoi est-il essentiel ?
Un inventaire écologique est une étude systématique visant à recenser et caractériser la faune et les habitats présents dans un parc national. Il permet de mieux comprendre la biodiversité, d’évaluer l’état des populations de la faune et de suivre leur évolution dans le temps. L’objectif principal est d’obtenir des données précises sur les populations des espèces cibles, leur répartition dans le parc ainsi que le niveau de présence des activités humaines pour orienter les stratégies de conservation et assurer une gestion durable des écosystèmes du parc.
Quelles sont les principales méthodes utilisées pour réaliser cet inventaire ?
Trois méthodologies sont combinées pour réaliser l’inventaire écologique terrestre du Parc National de Conkouati-Douli :
Transects linéaires : des parcours prédéfinis traversent le parc afin d’observer directement les traces de la faune et les signes d’activité humaine ;
Parcours de reconnaissance (« recce ») : en empruntant des sentiers naturels (pistes d’éléphant, sentiers humains, etc.) situés entre les transects, les équipes collectent des données sur les habitats et les interactions entre l’homme et la nature ;
Pièges photographiques (dispositifs autonomes à capteurs infrarouges déclenchés par le mouvement) : placées stratégiquement, ils capturent des images et vidéos apportant des informations essentielles sur la diversité, l’abondance, la densité et le comportement des espèces, y compris celles les plus discrètes ou nocturnes.
Quels animaux et écosystèmes sont étudiés ?
L’inventaire se concentre exclusivement sur les écosystèmes terrestres du parc : forêts, savanes, marécages… Les espèces suivies incluent de grands mammifères emblématiques comme les éléphants, chimpanzés, gorilles, léopards et buffles, mais aussi des antilopes, des petits singes et des oiseaux rares.
Qui participe à cet inventaire et comment s’organisent les équipes ?
42 personnes, réparties en 8 équipes, ont pris part à cette mission. Elles rassemblent des éco-moniteurs, des pisteurs locaux, de prestataires issus des communautés du parc, ainsi que des étudiants en master 2 de l’université Marien Ngouabi de Brazzaville. Au sein de chaque équipe, les tâches sont réparties entre différents rôles : chef d’équipe, observateur, guide, boussolier et macheteur.… Un véritable travail d’équipe sur le terrain !
Quels sont les principaux défis rencontrés ?
D’abord, un terrain difficile : forêts denses, marécages, reliefs accidentés… Accéder à certaines zones du parc est un défi en soi ! Ensuite, une logistique exigeante : coordonner des équipes sur un vaste territoire avec peu d’infrastructures demande une organisation sans faille. Enfin, la persistance des activités illégales : l’orpaillage clandestin dans certaines zones complique l’accès et pose un risque pour la faune et les observateurs.
Comment ces résultats vont-ils influencer la conservation du parc ?
Les données recueillies permettront de renforcer les actions de protection. Cela comprend notamment l’identification des zones prioritaires pour la conservation ; le renforcement des efforts de surveillance et de lutte contre le braconnage et la mise en place de mesures spécifiques pour les espèces menacées. Cela permet également la sensibilisation et implication des communautés locales et parties prenantes.
Des espèces rares ont-elles été observées ?
Les analyses sont en cours, et les images capturées par les caméras pièges livreront bientôt leurs secrets… Une chose est sûre : cet inventaire apporte déjà des données précieuses pour mieux comprendre et préserver la richesse naturelle du parc.
L’inventaire prend-il en compte les impacts du changement climatique sur la biodiversité du parc étant donné que le précédent inventaire a été réalisé il y a plus de dix ans ?
Indirectement, oui. Bien que l’objectif principal soit le recensement de la faune et de la flore, le suivi des populations et des habitats permet de détecter certaines tendances pouvant être associées au changement climatique, telles que des modifications dans la répartition des espèces ou des transformations des écosystèmes. Toutefois, établir un lien direct avec le changement climatique reste complexe. Des données supplémentaires, collectées sur le long terme, seront nécessaires pour affiner ces analyses.
En quoi cet inventaire est-il essentiel pour la préservation et la gestion durable du parc à long terme ?
Cet inventaire écologique est bien plus qu’un simple recensement : c’est une véritable boussole pour guider les futures actions de conservation. Il permet de mesurer l’évolution de la biodiversité, d’anticiper les menaces et d’assurer la pérennité du parc pour les générations à venir.

Exploring the biodiversity of the National Park!
Understanding to protect better
Did you know that every species plays a key role in maintaining the balance of our ecosystems? In Conkouati-Douli National Park, a team of professionals and nature enthusiasts has embarked on an ambitious mission: an ecological inventory.
The goal? To observe, analyze, and understand biodiversity to ensure its protection.
But how is such a survey conducted? Which species are closely monitored? And what challenges do researchers face in the field? We asked all these questions to Yorick van Hoef, head of the conservation department at Conkouati-Douli National Park. Dive into this scientific adventure, where technology, expertise, and dedication come together to protect wildlife!
Alice Paghera-Messager, ecotourism & marketing manager & Yorick van Hoef, conservation manager
What is an ecological inventory and why is it essential?
An ecological inventory is a systematic study aimed at identifying and characterizing the wildlife and habitats present in a national park. It helps to better understand biodiversity, assess the state of wildlife populations, and monitor their changes over time. The primary goal is to obtain precise data on target species populations, their distribution within the park, and the extent of human activity, in order to guide conservation strategies and ensure sustainable management of the park’s ecosystems.
What are the main methods used to carry out this inventory?
Three methodologies are combined to conduct the terrestrial ecological inventory of Conkouati-Douli National Park:
Linear transects: pre-defined paths cross the park to directly observe signs of wildlife and human activity.
Reconnaissance walks (“recce”): by following natural trails (elephant paths, human tracks, etc.) between the transects, teams collect data on habitats and interactions between humans and nature.
Camera traps (autonomous infrared sensor devices triggered by movement): strategically placed, they capture images and videos providing essential information on species diversity, abundance, density, and behavior—including those that are discreet or nocturnal.
Which animals and ecosystems are studied?
The inventory focuses exclusively on the park’s terrestrial ecosystems: forests, savannas, swamps, etc. The monitored species include iconic large mammals such as elephants, chimpanzees, gorillas, leopards, and buffaloes, as well as antelopes, small monkeys, and rare birds.
Who takes part in this inventory and how are the teams organized?
42 people, divided into 8 teams, took part in this mission. These teams consist of eco-monitors, local trackers, contractors from communities within the park, and master’s students from Marien Ngouabi University in Brazzaville. Each team assigns roles including team leader, observer, guide, compass operator, and machete carrier… A true collaborative effort on the ground!
What are the main challenges encountered?
First, the terrain is tough: dense forests, swamps, rugged landscapes… Accessing certain areas of the park is a challenge in itself! Then there’s demanding logistics: coordinating teams across a vast area with few infrastructures requires flawless organization. Finally, illegal activities persist: clandestine gold mining in some areas complicates access and poses risks for both wildlife and observers.
How will these results influence park conservation?
The collected data will help strengthen protection efforts. This includes identifying priority areas for conservation, enhancing surveillance and anti-poaching measures, and implementing specific actions for endangered species. It also supports awareness and involvement of local communities and stakeholders.
Have any rare species been observed?
Analysis is still ongoing, and the images captured by camera traps will soon reveal their secrets… One thing is certain: this inventory already provides valuable data for better understanding and preserving the park’s natural wealth.
Does the inventory consider the impacts of climate change on the park’s biodiversity, given that the previous inventory was conducted over ten years ago?
Indirectly, yes. Although the main goal is to document flora and fauna, monitoring populations and habitats can reveal trends potentially linked to climate change, such as shifts in species distribution or ecosystem transformations. However, establishing a direct link with climate change remains complex. Additional long-term data will be needed to refine such analyses.
Why is this inventory essential for the park’s long-term conservation and sustainable management?
This ecological inventory is much more than a simple count: it is a true compass guiding future conservation efforts. It allows us to measure biodiversity changes, anticipate threats, and ensure the park’s sustainability for future generations.




